Antibiotiques : faut-il aller au bout de son traitement?

  • Auteur: Abderrahim Derraji
  • Date de publication: 1 août 2017
  • Source: PharmaNEWS 400, le Quotidien du médecin et Radio Canada   

Une publication de chercheurs britanniques parue dans le BMJ (British Medical Journal) remet en question les recommandations en vigueur concernant la nécessité d’aller jusqu’au bout de tout traitement d’antibiotique entamé. Selon ces chercheurs, une observance à la lettre «favoriserait les antibiorésistances».

Pour ces experts en maladies infectieuses, microbiologie et épidémiologie, l’idée selon laquelle l’antibiorésistance est due au fait que les malades ne terminent pas leurs cures d’antibiotiques n’est pas prouvée, alors que prendre des antibiotiques plus longtemps que nécessaire  » augmente à coup sûr le risque de résistance « .

Ces chercheurs estiment par ailleurs «qu’un traitement plus court est clairement plus bénéfique, au niveau individuel, pour un patient. Son risque de résistance dépend de son exposition passée aux antibiotiques. En plus, réduire l’exposition en réduisant la durée du traitement est associé à un risque réduit d’infection résistante.»

Pour ces auteurs, les malades peuvent réagir différemment à un même antibiotique. Certains marqueurs de la réponse à une antibiothérapie peuvent guider les médecins pour savoir quand il faut cesser le traitement. Quant aux patients non hospitalisés, ces chercheurs leur conseillent d’arrêter la prise d’antibiotique dès qu’ils se sentent mieux.

Le professeur Openshaw estime que l’une des solutions serait «d’utiliser les antibiotiques uniquement pour faire baisser l’infection bactérienne à un niveau où elle peut être combattue par le système immunitaire du patient».

Pour sa part, le professeur Mark Woolhouse, de l’Université d’Édimbourg, plaide pour un changement des habitudes de prescription. «Le volume actuel d’antibiotiques utilisés est trop élevé», soutient-il.

Sans doute, cette publication va faire couler beaucoup d’encre. On espère que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les sociétés savantes réagissent rapidement en confirmant ou en infirmant les conclusions de ces auteurs pour éviter une cacophonie qui risque d’avoir une incidence sur les multi-résistances.

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