L’ère des antibiotiques touche à sa fin !
À quelques jours de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié un rapport où elle prédit que l’antibiorésistance est en voie d’induire une véritable crise sanitaire. Si la tendance actuelle se maintient, les germes résistants pourraient être responsables de quelque 2,4 millions de décès en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, d’ici 2050.
Pour inverser cette tendance, l’OCDE recommande un usage rationnel des antibiotiques, en citant comme exemple le Canada, pays où on a assisté, entre 2005 et 2015, à une légère baisse de la résistance de huit combinaisons bactérie-antibiotique jugées prioritaires.
D’après ce rapport, des pays de l’OCDE connus pour leur surconsommation d’antimicrobiens comme l’Italie, la Grèce et le Portugal risquent de payer le plus lourd tribut aux infections à bactéries multi-résistantes.
La situation est encore plus inquiétante dans les pays à revenus faible et intermédiaire. À titre d’exemple, la résistance aux antimicrobiens avoisine les 40 à 60% en Indonésie, au Brésil et en Russie alors qu’elle n’est actuellement que de 17%, en moyenne, dans les pays de l’OCDE.
Les bons élèves en matière de rationalisation de la consommation d’antibiotiques sont l’Australie, le Canada et certaines nations de l’Europe du Nord. Ce résultat n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de stratégies multisectorielles. Au Canada, par exemple, cette stratégie prévoit un contrôle de la consommation d’antibiotiques en médecine humaine et la mise en place de règles pour réduire l’emploi des antibiotiques dans le monde agricole, qui consomme, à lui seul, environ 80% de la quantité d’antibiotiques utilisés au pays.
L’OCDE préconise dans son rapport cinq moyens pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens :
- De renforcer l’hygiène en milieu hospitalier par le lavage des mains, la stérilisation des instruments et un meilleur nettoyage des chambres, des corridors et autres espaces communs.
- D’adopter des programmes de gestion de l’utilisation des médicaments antimicrobiens afin de réduire leur sur-prescription.
- D’encourager le recours aux tests de diagnostic rapide permettant de déterminer si l’infection est bactérienne ou virale.
- De conseiller aux patients d’attendre quelques jours avant de recourir aux antibiotiques, soit le temps de voir si leur état s’améliore ou pas.
- De mener des campagnes de sensibilisation auprès du grand public.
Au Maroc et eu égard à l’incidence de l’antibiorésistance dont la prévalence avoisine de plus en plus celle des pays de L’Europe du Sud, nous sommes acculés à adopter les cinq mesures préconisées par l’OCDE. Et bien que le changement des mentalités risque de nous donner du fil à retordre, il n’en reste pas moins que c’est le prix à payer pour que notre système de santé n’ait pas à faire face à une catastrophe sanitaire sans précédent.