Fluoroquinolones : une utilisation encadrée pour limiter les risques
Les fluoroquinolones sont des antibiotiques puissants, réservés au traitement d’infections bactériennes graves pouvant engager le pronostic vital. Cependant, leur utilisation expose à des effets indésirables, parfois rares mais potentiellement graves, invalidants et potentiellement irréversibles.
Ces complications peuvent affecter les muscles, les articulations et le système nerveux, notamment sous forme de neuropathies périphériques.
Face à ces risques, des mesures ont été mises en place pour encadrer leur prescription, entraînant une réduction significative de leur consommation en France entre 2014 et 2023. Malgré ces efforts, des cas de mésusage persistent, exposant les patients aux mêmes dangers.
Il est donc essentiel que les fluoroquinolones ne soient prescrites que lorsque leur indication est clairement établie. Les professionnels de santé doivent informer les patients des bénéfices
attendus et des risques encourus, tout en leur expliquant la conduite à tenir en cas d’effets indésirables. Enfin, ces antibiotiques ne doivent être utilisés qu’en dernier recours, lorsque les alternatives thérapeutiques ne sont pas adaptées.
Dans sa note d’information datée du 20 février 2025, l’ANSM rappelle aux professionnels de la santé que les fluoroquinolones ne doivent pas être prescrits :
– Pour traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives ;
– Pour prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections récidivantes des voies urinaires basses ;
– Pour traiter des infections non bactériennes, comme la prostatite (chronique) non bactérienne ;
– Pour traiter des infections de sévérité légère à modérée (notamment cystite, exacerbation aiguë de la bronchite chronique et de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), rhino sinusite bactérienne aiguë et otite moyenne aiguë), à moins que les autres antibiotiques habituellement recommandés pour ces infections soient jugés inappropriés ;
– À des patients ayant déjà présenté des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones/fluoroquinolones.
– L’utilisation concomitante de corticoïdes et de fluoroquinolones doit être évitée dans la mesure où elle augmente nettement le risque de tendinopathie.
Rapport Epi-Phare (20/02/2025) (Lien )
Le Groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare (ANSM-Cnam) en collaboration avec l’Inserm ont réalisé une étude d’utilisation en vie réelle des fluoroquinolones entre 2014 et 2023, à partir du Système national des données de santé (SNDS).
Cette étude révèle que les mesures prises en France depuis plusieurs années pour limiter l’utilisation inappropriée des fluoroquinolones ont permis de réduire leur usage de 50 % entre 2014 et 2023. Cette diminution est observée dans toutes les classes d’âge. Avec 2,2 millions de délivrances de fluoroquinolones en ville pour 1,7 million d’utilisateurs en 2023, leur utilisation en France est inférieure à la moyenne européenne, mais reste plus élevée que dans certains pays.
Source : ANSM