Gambie : quand les médicaments tuent !
Une fois de plus, des médicaments de piètre qualité ont tué en Afrique. Cette fois-ci, c’est en Gambie que 66 enfants ont trouvé la mort en utilisant des sirops traitant la toux et le rhume.
Face à cette situation alarmante et inacceptable, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé l’«Alerte produit médical N° 6/2022» lors de sa conférence de presse hebdomadaire sur les enjeux sanitaires dans le monde.
Les quatre produits concernés sont : Promethazine Oral Solution, Kofexmalin Baby Cough Syrup, Makoff Baby Cough Syrup et Magrip N Cold Syrup. Ces sirops sont produits par le laboratoire indien Maiden Pharmaceuticals qui, jusqu’au 5 octobre 2022, n’a pas fourni de garanties à l’OMS sur la sûreté et la qualité des produits en question.
L’analyse des échantillons de ces médicaments a révélé une contamination par le diéthylène glycol et l’éthylène glycol en quantités inacceptables. C’est sans doute ce qui explique les douleurs abdominales, les vomissements, les diarrhées, l’incapacité à uriner, les maux de tête, l’altération de l’état mental et les lésions rénales aiguës pouvant entraîner la mort à laquelle s’exposent les enfants ayant pris ces sirops.
D’après l’OMS, ces médicaments ont été identifiés uniquement en Gambie. Ils peuvent toutefois avoir été distribués, par le biais de marchés informels, dans d’autres pays et sous-régions. C’est pour cette raison que l’OMS recommande une vigilance accrue au niveau des chaînes d’approvisionnement dans les pays et les régions susceptibles d’être concernés par ces produits de qualité inférieure.
La Gambie, plus petit pays d’Afrique continentale avec un peu plus de deux millions d’habitants, est 174e sur 191 à l’indice de développement humain de l’ONU. D’après la Banque mondiale, près de la moitié des Gambiens vit sous le seuil de la pauvreté.
Bien qu’elle ait été en pourparlers avec la Banque mondiale pour obtenir un financement pour un laboratoire de contrôle de médicaments, la Gambie n’en dispose toujours pas. Elle doit à chaque fois envoyer les échantillons à contrôler à l’étranger.
Ce drame vient, une fois de plus, nous rappeler l’importance de disposer d’un système pharmacovigilance efficace, d’un laboratoire de contrôle de médicaments performant et d’une industrie pharmaceutique conforme aux normes. Il nous rappelle également que les pays en avance dans le secteur du médicament devraient faire preuve de davantage de solidarité en multipliant les partenariats pour éviter qu’un tel drame ne frappe à nouveau des pays comme la Gambie.