Sécurité d’utilisation des médicaments: un vrai enjeu de santé publique

  • Auteur: Abderrahim Derraji
  • Date de publication: 6 avril 2022
  • Source: PharmaNews

Tous les jours que Dieu fait, les médicaments nous permettent de sauver des vies et on peut difficilement envisager une prise en charge de patients sans produits pharmaceutiques.

Malheureusement, en cas d’erreur de prescription, de dispensation ou d’utilisation, les conséquences peuvent être lourdes pour les malades, leurs familles et le système de santé.

La sécurité d’utilisation des médicaments s’affirme, de ce fait, comme une vraie priorité du système de santé. C’est ce qui a poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à choisir «Les médicaments sans les méfaits» comme slogan pour sa Journée mondiale de la sécurité des patients qui sera célébrée le 17 septembre 2022.
Le troisième objectif de cette Journée consiste à donner aux patients et aux familles les moyens de jouer un rôle actif dans l’usage sans danger des médicaments. Cela ne peut se faire sans mettre à leur disposition une information fiable et utile sur les médicaments qu’ils utilisent. 

Faut-il le rappeler, un pourcentage important de patients ne consulte pas les notices des médicaments ou rencontre des difficultés à les comprendre. Cela a été révélé par un récent sondage mené en France par Opinion Way et Synapse Medicine. Ce dernier indique que seuls 80% de la population consultent les consignes d’utilisation des médicaments avant de les prendre et 60% d’entre eux trouvent les notices difficiles à lire et ne comprennent pas les informations qui y figurent. C’est ce qui explique les 130.000 hospitalisations par an évitables et plus de 30.000 décès par an liés à l’utilisation inappropriée des médicaments.

L’OMS exhorte les nations membres à? se mobiliser pour faire de la sécurité médicamenteuse une priorité et remédier ainsi aux pratiques dangereuses et aux faiblesses des systèmes, en se concentrant plus particulièrement sur les trois principales causes de préjudices évitables : les situations à? haut risque, les transitions au cours de la prise en charge et la polychimiothérapie.

Au Maroc, les exigences réglementaires peuvent se traduire par des prospectus surchargés et difficilement lisibles. Le niveau d’instruction et la maîtrise de la langue française interviennent également dans la compréhension de ces notices par les usagers de médicaments. L’utilisation des médicaments et l’observance restent bien souvent tributaires des informations fournies par les professionnels de santé aux patients. On déplore que ces praticiens ne disposent pas d’outils exhaustifs leur permettant de répondre aux attentes du patient en matière d’information. L’inviolabilité des emballages pharmaceutiques complique la situation, sachant que ces notices ne sont pas toujours accessibles en ligne, et la dernière monographie sous format papier date de 2010.

On ne peut non plus nier que les pharmaciens et leurs collaborateurs rencontrent des problèmes à déchiffrer certaines ordonnances manuscrites. Plusieurs forums ont même été créés dans ce but !

On ose espérer que les différents intervenants finiront par prendre ce problème à bras le cœur, et pourquoi ne pas mettre en route, d’ici le mois de septembre prochain, des projets dont la finalité serait d’éviter toute utilisation inappropriée des médicaments.

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